Une année dans le Nord Québécois
Fin avril 2018, j’ai pris la direction du nord du Québec, à l’ouest du lac Saint-Jean, pour aller vivre une expérience authentique.
J’ai été bénévole chez un organisme d’expédition de chien de traîneau durant une année entière. Au milieu de la nature sauvage québécoise avec 100 chiens, 1 chat et toute la faune des environs, ours, loups, orignals, Lynx.. Un an au milieu de la fôret, dans mon petit chalet en bois rond entouré d’une meute de Malamute d’Alaska.
Un Nouveau Quotidien
Mon premier été sur les terres québécoises consistait à apprendre la vie dans le bois, avec les chiens.
- Le comportement à avoir avec des chiens nordiques, l’attitude, comment séparer une bagarre de chiens de 40kg et plus qui sont capables de s’entretuer, la domination au sein de la meute…
- Les différents outils indispensables tels que la chainsaw (tronçonneuse) pour abattre des arbres secs et faire une grande quantité de bois pour l’hiver, le 4 roues ( quad ) pour se déplacer facilement partout en forêt.
- Être autonome et bricoleur : en cas de problème de pompe à eau, n’étant ni relié au réseau d’eau et au réseau électrique, la débrouillardise était obligatoire.
- Confectionner et réparer des traîneaux traditionnels en frêne, etc..
Le monde du chien de traîneau m’a rapidement plu, autant pour le travail avec les chiens, que pour la diversité des journées. J’ai rapidement perdu le sens du temps, mon premier été est passé très rapidement.
Les expéditions de canoës
J’ai également eu la chance de guider plusieurs expéditions d’une semaine en canöe-camping sauvage sur la rivière Mistassini. Une semaine de descente de rivière sauvage en compagnie des ours et des castors.
Une glacière, cannes à pêche, hache, scie, tente, gps et trousse de premier secours, le matériel essentiel pour une semaine de canoë
Nourrir trois meutes
L’étape la plus difficile de mon immersion dans ce mode de vie fut la préparation du repas des chiens. Nous récupérions très souvent des cochons morts à une porcherie ( non sélectionné pour la consommation humaine ) pour les vider, et les découper entièrement en morceau de la tête aux pattes à la hache et au couteau pour nourrir les chiens. Puis quand le temps de la chasse à l’ours est arrivé, nous récupérions les ours chez le tanneur pour les préparer, pareil pour l’orignal & le castor.


L’hiver arrive
Puis quand l’hiver est arrivé très rapidement, les premiers -15°C et -20°C furent rudes, travailler sans gant pour manipuler certains outils dès les premières températures négatives fut assez difficile, mais nécessaire pour être capable de résister un peu plus durant les températures extrêmes. Le fait de travailler et de passer sa journée dehors permet une adaptation assez rapide aux conditions.
L’arrivée de l’hiver signifie aussi un changement de quotidien. Fin décembre, les journées sont courtes, la nuit tombe à 3H30 PM, je finissais mes journées à la lampe frontale. On remplace le quad par la motoneige, le couteau et la hache par la tronçonneuse pour découper les cochons et la viande gelée. Les nuits étant plus longues, j’avais plus de temps pour relaxer, et apprécier la chaleur du poêle à bois, sous le bruit des tempêtes de neige et du frottement de la cime des sapins, accompagné par le hurlement des Malamutes.
Les premières expéditions
L’hiver est arrivé, les premiers -30°C avec. Avec un cumulé de quatre mètres de neige, des températures jusqu’à -47°C, mon premier hiver fut mémorable. Nous étions toutes les semaines en expédition de traîneaux, dans le Nord québécois, à faire vivre cette belle expérience à des clients francophone. Les raids d’une semaine consistaient à avancer, quelle que soit la météo et température, d’un point à un autre, d’une cabane de trappeur à une autre, en étant jusqu’à 7 heures sur les traîneaux par jours. Le silence et le froid glacial de la forêt boréale étaient bercés par le bruit des pas des chiens dans la neige. En cas d’imprévu, nous étions totalement autonomes en nourriture, tente arctique et poêle à bois dans les traîneaux, hache, scie, vrille pour percer la glace et récupérer de l’eau, sac de couchage, et viande pour les chiens.
Chaque soir, après une journée à dépenser de l’énergie pour se réchauffer, nous devions installer des câbles de nuit pour les chiens, les nourrir, les soigner, faire une soupe pour les hydrater, puis découper du bois pour la nuit, aller chercher de l’eau en perçant plus de 90 cm de glace. Parfois monter la tente arctique quand nous n’avions aucun campement sous la main. Une fois toutes les tâches effectuées avec la participation des clients, tout le monde se regroupe sous la tente, ou dans la petite cabane de trappeur, autour du poêle à bois et de la marmite en attendant avec impatience que le repas conçu préalablement au village soit décongelé. Puis, sous le chant des chiens entouré d’étoiles, habitué ou non, chacun d’entre nous s’endormait très rapidement.
Notre rôle de guide consistait également à se réveiller plusieurs fois dans la nuit pour recharger le poêle à bois si les températures étaient vraiment basses (en dessous de -30°C).
Le rythme hivernal était très intense, mais la beauté des paysages sublimée par un silence apaisant procure le sourire dès le réveil. L’émerveillement que dégageait les clients à chaque fin d’expédition était également une source de motivation très puissante pour repartir un ou deux jours après pour une nouvelle expédition. Chaque expédition était différente : la météo, la quantité de neige, le rythme des chiens, les clients, les galères.
Un imprévu
Après une dizaine d’expédition de traîneaux, vers la fin de l’hiver, après une grosse journée au camp, à couper de bois dans la neige. Je suis retourné dans mon chalet. Endormie très tôt après le repas, quelques heures plus tard, l’odeur de fumée m’a réveillé en sursaut, mon chalet avait pris feu.
La montée d’adrénaline en voyant les flammes devant mon lit ma donnée un coup de fouet très puissant, j’ai réussi à sauver des flammes quelques affaires, ordinateur, appareil photo et quelques vêtements. Tout le reste de mes biens matériels est parti en l’espace de 5min dans un brasier géant.
Sous le clair de lune, avec la meute des Malamutes entourant le chalet en feu qui s’est mise à chanter, j’observais un bout de moi-même partir en fumer.
L’incendie a marqué la fin de mon expérience dans le Nord québécois, mais pas mon aventure dans le milieu du traineau à chiens.